Maybe an image
L’idée de pouvoir tromper un ordinateur me rassure. Les erreurs commises par l’effrayante et fascinante intelligence artificielle sont le signe que le numérique n’a pas encore pris totalement le pouvoir sur nous. Les figures géométriques colorées visibles sur mes images représentent ces failles.
Cette série est constituée de photographies réalisées au détour de mes voyages en montagne, ici dans les Alpes. De loin ou de près, l’été ou l’hiver, je sillonne ce vaste territoire à la recherche d’images où la nature est confrontée à l’Homme ou à son empreinte. Les photographies dévoilent la cohabitation entre l’urbanisation galopante et les paysages naturels préservés. Des traces humaines marquent le béton des villes, s’opposant aux formes organiques de la nature qui tentent de résister à cette intrusion.
Mes photographies sont visibles notamment sur mon instagram où j’ai découvert qu’elles y étaient automatiquement analysées. La plateforme peut savoir ce qu’elle contient grâce à une partie du code HTML qui permet de traduire textuellement les images. Elle propose une interprétation : «may be an image of...» puis ce qu’elle pense reconnaître sur l’image. J’ai voulu savoir ce que l’ordinateur pensait voir sur chacune des mes photos et un nouveau paysage s’est ouvert à moi.
C’est en me baladant dans ce code, à la recherche de l’interprétation de mes images par cette intelligence, que sont apparues ces formes géométriques. Les adeptes du codage reconnaitront leur signification mais j’y ai personnellement vu un message. Ces figures abstraites représentaient ce que j’avais essayé de trouver dans l’immensité de ce langage fabriqué : le bug, le loupé, ce qui échappe à l’informatique.
The idea of being able to deceive a computer reassures me. The mistakes made by the frightening yet fascinating artificial intelligence are proof that the digital world has not yet completely taken control over us. The colorful geometric shapes visible in my images represent these flaws.
This series consists of photographs taken during my travels in the mountains, here in the Alps. Whether from afar or up close, in summer or winter, I roam this vast territory in search of images where nature meets humankind or its imprint.
My photographs are notably visible on my Instagram, where I discovered that they are automatically analyzed. The platform can identify what they contain through a section of the HTML code that translates images into text. It provides an interpretation: "May be an image of..." followed by what it thinks it recognizes in the picture. I wanted to know what the computer perceived in each of my photos, and a new landscape opened up to me.
As I wandered through this code, searching for the AI’s interpretation of my images, these geometric shapes emerged. Coding enthusiasts will recognize their meaning, but to me, they conveyed a message. These abstract figures represented what I had been trying to find within the vastness of this fabricated language: the bug, the glitch, what escapes computation.